Droit social, des juristes qui font la différence
Si les juristes en droit social sont appelés à exercer au sein d’entreprises et d’organisations très diverses en taille et en nature, la qualité de leur formation représente une valeur ajoutée particulièrement stratégique. Finalement, à quoi reconnait-on un bon professionnel du droit social ?
- Il doit se former en permanence. Le droit social est une des branches du droit qui évolue le plus et le plus rapidement. Dès lors, se former en permanence suppose d’avoir un socle de base suffisamment solide pour savoir anticiper, comprendre, s’adapter aux évolutions, et en voir les perspectives.
- Il doit savoir reconnaitre les opportunités à saisir. C’est ainsi que les CSE* par exemple, instaurés depuis le 1er janvier 2020, permettent de bâtir le droit du dialogue social en fonction de chaque entreprise ; un droit à la carte.
- Il doit être imaginatif et faire la différence entre les règles et l’usage des règles. Autrement dit, savoir comment utiliser de façon intelligente chacune de ces règles. Au cours de ces dernières décennies, le droit a offert de plus en plus d’options. Il faut donc être en mesure d’imaginer des scénarios, de pratiquer de l’ingénierie.
- Il doit proposer une stratégie qui est en accord avec les attentes de l’ensemble des parties prenantes. Les juristes du droit social sont des acteurs majeurs dans l’avancée de certains nouveaux enjeux de société. C’est à eux d’attirer l’attention sur ces enjeux, d’indiquer comment s'en saisir et de veiller à ce que l’entreprise aille dans le bon chemin.
- Il doit pouvoir diversifier son registre lorsque certains enjeux se font jour. Outre les compétences en droit, de nombreuses problématiques de terrain requièrent aujourd’hui des notions de sociologie et de psychologie.
- Il doit être au fait du droit international et du droit de l’Union européenne, et ce, quel que soit le secteur dans lequel il exerce. Trop de juristes occultent encore le fait que le droit de l'Union européenne prime sur le droit français. Ainsi, de nombreuses sociétés en conformité avec le Code du travail français ont été condamnées, ignorant que leurs pratiques tombaient sous le coup du droit de l’Union européenne.
* CSE, Comité social et économique
Michel Miné, titulaire de la chaire Droit du travail et droits de la personne.
Propos recueillis par Véronique Rolland, journaliste.
Posté le 22/12/2020